Qu’on se le tienne pour dit, ce titre est un mensonge ! Ni pacifique (ça parle de guerre) ni rime ! Juste un gros film d’action sans fioritures…

Au-delà de ce trait d’humour débile, je dois avouer avoir été quelque peu déçu par le film. Non pas que je m’attendais à un Woody Allen, je savais bien que le film était là pour en mettre plein les mirettes, mais justement, je n’en ai pas pris assez comparativement aux creux de vagues disséminés tout au long du film…

Les flops :

Le scénario : non pas qu’il soit nullissime, non, il y a même quelques bonnes idées. Mais plutôt que d’essayer de faire une trame minimaliste et sans accroc, les scénaristes ont préféré jouer la carte des pseudos surprises abracadabrantesques qui n’en sont de toute façon jamais dans une histoire convenue telle que celle-là et au déroulement hyperclassique.

Le rythme : contrairement à ce que l’on pourrait croire, le film avance sur un faux rythme ;  assez lent dans l’ensemble avec de gros coups d’adrénaline durant les combats. Mais au final, on attend beaucoup…

La crédibilité : oui je sais vous allez encore me dire « comment parler de crédibilité dans un film d’aliens géants contre des robots géants ? » Et je vous répondrai comme à chaque fois : je parle de crédibilité interne à l’œuvre, pas de la crédibilité du thème. Et là encore, les auteurs ont pris le parti de manquer de cohérence pour augmenter la dramaturgie et l’esthétique du film… Et ça, ça commence à me faire royalement chier dans les œuvres cinématographiques modernes de science-fiction !

J’ai décidé de ne pas spoiler, parce que vu le peu de rebondissement du film si je spoile il n’y aura plus rien à voir, mais j’ai quelques éléments qui me restent en travers de la gorge, notamment sur le maniement des jaegers (les robots géants).

Les combats : et c’est là où est le nœud du problème ! Alors que tout le film tient sur cet aspect, les combats ne sont pas à la hauteur. Non pas qu’ils ne soient pas monstrueux ou dantesques, simplement le rendu est très décevant… Et là encore je critiquerai les choix des scénaristes et du réalisateur. La majorité des combats se déroulent la nuit ou dans l’eau, ou sous la pluie, voire les 3 à la fois ! Ce qui fait que l’on se retrouve avec des combattants à moitié immergés, dans le noir, charriant des tonnes d’eau autour d’eux ! Je conçois que la pluie et la nuit sont des éléments de dramatisation intéressants, mais à trop en abuser ils en deviennent juste énervants !

De plus le parti pris de Guillermo del Toro est d’axer à outrance ses séquences de combats sur des plans rapprochés. On y gagne une visibilité meilleure des protagonistes (quoique dans la nuit et les jets torrentiels ce n’est pas toujours fameux) mais on y perd beaucoup en puissance des images et en rendu sur le gigantisme des affrontements. Quelques plans larges ou d’ensemble supplémentaires (lors des combats terrestres notamment) auraient pu apporter ce que l’on trouve dans Man of Steel ou Avengers et qui manque dans Pacific Rim…

Les Kaijus: Les monstres ne sont pas assez visibles, encore une fois dû au scènes nocturnes et maritimes, on n'a pas suffisamment l'occasion d'apprécier à leur juste valeur ces montagnes de haine et au final, tous ces Kaijus nous semblent un peu pareils... (mais bon en fait ils le sont, du coup, on ne sait plus quoi penser)

La caricature : Que les personnages soient caricaturaux, c’est là aussi un choix, mais je ne le critquerai pas car il ne dessert pas le film. Par contre on frise l’indécence à la vue de certains jaeger ! La vision est on ne peut plus passéiste et caricaturale ! Imaginez : le robot russe s’appelle… Tcherno-alpha ! Et si ce n’était que ça, il ressemble à l’armure Mark 1 de Tony Stark, mais avec des pinces à la place des mains et un casque de soudeur à la place de la tête ! C’est tout juste s’ils ne lui ont pas fait une faucille et un marteau sur le tronc ! Affligeant !

Il en va de même pour le robot chinois qui (tout le monde sait que les asiatiques ne sont pas comme nous) est piloté à 3 et non à 2 et possède donc 3 bras… Ce jaeger est d'ailleurs parfaitement rouge des pieds à la tête, histoire de bien marquer les esprits. Une véritable ode à la discrimination cette partie du film…

C’est d’ailleurs comme cela qu’on comprend que pour les scénaristes « hémisphère cérébral » signifie « faire bouger un bras » et qu’il devient donc logique qu’il y ait 3 pilotes pour diriger les 3 hémisphères (sic !) du robot asiatique… enfin bref, je m’emporte…

Mais alors, me direz-vous, ce film est vraiment une sous-merde, un film de catégorie Z comme on disait en mon jeune temps ? Euh… (je prends quand même le temps de la réflexion) non je n’irai peut-être pas jusque-là...

Les tops :

Le sujet : Il s’agit d’un thème rarement adapté par le cinéma et en cela il est un film utile. Transformers fut le premier à franchir le cap des robots, mais personne n’avait encore tenté (avec la technologie numérique) de s’attaquer aux méchas et aux monstres géants. J’ose espérer que d’autres prendront la relève et adapteront quelques œuvres mettant en scènes ce genre de machines (qui a dit Grendizer et Patlabor ?)

L’ambiance : Je dois reconnaître que les scènes de combats sont tout de même prenantes et stressantes (particulièrement grâce à la bande son hyper lourde qui sauve une partie du film à mon sens et aux plans rapprochés qui nous mettent en plein cœur de l’action) tout comme l’esthétique du film est très soignée et vraiment réussie. Sur ce point, force est de constater que l’on retrouve ce qui fait la Force d’un Guillermo del Toro. Des décors pharaoniques et magnifiques, toujours à la limite du Steampunk, quelque soit l’époque qu’il dépeint dans ses films. De même la photo est très bonne et l’ambiance est franchement au rendez-vous.

Le classicisme à l’ancienne : Enfin, le film, même s’il suit une trame hyperclassique, n’en reste pas moins sympathique et nous emmène d’un bout à l’autre de son déroulement sans donner envie de partir ou d’aller vomir de dégoût.

Bref et en guise de conclusion, Pacific Rim est décevant à mon avis, mais reste un bon film d’action avec de belles images et grâce à un sujet inédit et intéressant, mais il pêche de ne pas être le film culte que l’on attendait sur les Méchas et les monstres géants. Et, pour un film de Guillermo del Toro, c’est surtout cela qui est décevant…