• Je procrastine, tu procrastines, il se structure…

     

    Je procrastine, tu procrastines, il se structure…

    "La procrastination l'art de reporter au lendemain"

    auteur: John Perry

    éditeur/collection: autrement/les grands mots

    Prix: 14 €

     

     

     

     

     

     

    « La procrastination » est un sujet délicat que l’on prend souvent à la légère ou sur le ton de la rigolade et le fait que les procrastinateurs eux-mêmes usent de ce ton n’aide pas au sérieux de la chose. Mais la procrastination n’est pas qu’une invention du vocable pour désigner la paresse ou le je m’en foutisme, non. C’est avant tout un défaut très irritant et parfois gênant qui entraîne des gens comme vous et moi (mais particulièrement moi) à être jugés et pris pour de vulgaires fainéants par la société.

    Et cela, John Perry (professeur de philosophie à l'université de Riverside, Californie) l’a bien compris et parfaitement analysé. Normal, c’est un procrastinateur lui aussi, il sait donc de quoi il parle ! Mais ce qui fait tout l’intérêt de son bouquin, c’est qu’au-delà de cette analyse de l’origine et des modes de fonctionnement de la procrastination, il propose quelques pistes pour tenter de ruser et de retourner en notre faveur ce défaut trop souvent inhibiteur de l’action. Il va même jusqu’à imaginer que chacun puisse devenir un foudre de travail, tout comme lui-même est perçu par sa hiérarchie ou ses collaborateurs. Mais il faut savoir raison garder et mettre un pied devant l’autre avant d’espérer arriver à un tel résultat.

     

    Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, la procrastination est l’art de remettre à demain ce que l’on peut faire le jour même. Dit comme ça, ça ressemble à s’y méprendre à de la paresse et d’ailleurs, certains procrastinateurs finissent par s’y complaire d’une certaine manière… Mais si nous analysons plus finement cette définition, le but du procrastinateur n’est pas de ne pas faire, mais il ne peut s’empêcher de reporter ce qu’il a à faire jusqu’à sa plus extrême limite temporelle.

    La grande différence avec le glandeur de base c’est qu’en général, le procrastinateur finit tout de même par faire, dans l’urgence et la culpabilité, le travail qui lui était demandé. Et, comme le précise John Perry, l’urgence pour tout bon procrastinateur commence habituellement 2 ou 3 jours après le délai limite imposé par le demandeur…

     

    Sans entrer dans les détails, car le but ici est de vous donner envie de vous plonger dans ce livre, je vous livrerai quand même quelques points de la réflexion de John Perry.

    En premier lieu, l’auteur décortique le mode de fonctionnement du procrastinateur car c’est à partir de ce mode de fonctionnement qu’il développe sa stratégie de contournement de ce handicap que peut être la procrastination. A aucun moment il n’en fait l’éloge, mais il pousse chacun d’entre nous à ne plus avoir honte de ce défaut, mais à l’assumer totalement, premier vecteur d’une utilisation structurée de cette faiblesse.

    Pour John Perry, et je le rejoins totalement dans cette analyse, le procrastinateur cherche à se détourner de travaux qu'il juge importants en se lançant dans d’autres tâches bien moins sérieuses, voire totalement inutiles. Mais lorsqu’il n’aura plus le choix (et c’est le moment qu’il attend consciemment ou non), il s’acquittera avec diligence de son engagement. Pour l’auteur, il est important de mettre en valeur chaque acte fait, car il prouve que le procrastinateur ne fait pas rien. De même il souligne avec justesse que la grande erreur, due en partie au sentiment de culpabilité qui nous anime, est de refuser les travaux de peur de ne pas les faire, car au final, nous tomberions dans la non activité, les quelques tâches inévitablement restantes devenant toutes importantes à nos yeux (je peux vous assurer que je saisis parfaitement ce qu’il décrit là !).

    Une fois décrits ses phénomènes, il revient, par le biais d’un courrier qui lui fut adressé, sur les origines de ce mal qui nous ronge. Et là, les quelques proches avec qui j’ai déjà parlé de mes difficultés d’organisation ne pourront qu’acquiescer, je me suis senti enfin moins seul !

    Combien de fois ai-je eu l’air de passer pour une sorte de mythomane lorsque j’expliquais les raisons de mon inactivité… Heureusement, ce livre me prouve que je n’ai pas tort et que je ne suis pas le seul à ressentir ces choses !

    Bref, et quoi qu’en pensent les sceptiques, c’est bel et bien le désir de perfection qui ressort comme entrave à l’action du procrastinateur ! En effet face à un travail, nous idéalisons le résultat à obtenir, souhaitant offrir la quintessence d’une recherche et d’une activité qui ne souffrirait d’aucune erreur ou qui n’amènerait aucune possibilité de critique. Hélas, nous sommes conscients que ce vœu est irréalisable ou qu’il demanderait un investissement bien trop important et chronophage eu égard à la tâche demandée. Par conséquent, nous préférons remiser ce labeur continuellement jusqu’à ce que l’urgence nous intime de nous y atteler. C’est seulement lorsque l’idée d’accomplir un travail parfait disparait, car le temps nous manque, que nous nous prêtons à la tâche et que nous accomplissons notre labeur de façon raisonnable. Le travail ne pourra pas être parfait, mais il aura le mérite d’exister et l’honneur sera sauf !

     

    Voilà donc résumés, de façon succincte et non exhaustive, les principaux enseignements de ce livre. Et c’est en partant de ces constats, que l'auteur propose à chacun de lister par ordre d’importance (et d’urgence) les activités à réaliser et de leur donner une date radicalement limite (définitivement définitive comme il le dit si bien) à ne pas dépasser. Ensuite, par le jeu de choix astucieux et de mauvaise foi vis-à-vis de notre propre conscience, il nous suffit de piocher dans la liste et de barrer ce qui fut fait.

    Je dois avouer que ce livre m’a fait le plus grand bien et qu’il m’aide directement à assumer ma faiblesse.  J’ai d’ailleurs commencé à mettre en pratique ses idées et voilà le résultat d’une journée de procrastination structurée (je n'ai pas encore réussi à classer l'importance des tâches, même si dans l'ensemble j'en ai grande conscience):

     

    Je procrastine, tu procrastines, il se structure…

    Pour ce qui est de la seconde journée, en bon procrastinateur que je suis, j’ai réalisé un travail qui n’était pas dans la liste, la rédaction de cet article. Mais avouez tout de même que cela valait la peine de le faire ! Et puis la journée n’est pas finie, qui sait ce que je pourrai encore réaliser ce jour…

     

    En guise de conclusion, je vous invite donc à lire ce livre qui, sans être une solution à tous vos problèmes de procrastination, peut, à bien des égards, vous aider à mieux la gérer. A moins que vous n’ayez quelque chose de moins important à faire, évidemment !

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